• L’autoroute reliant Homs à Damas a été temporairement coupée après la frappe qui, selon Sana, «a visé un point de rassemblement d’aide pour les déplacés libanais».
• Frappe sioniste au sud de Damas avant-hier : le commandant de «l’unité Golan» du parti chiite ciblé et blessé
SYNTHÈSE — L’agence officielle syrienne Sana a fait état hier d’une «agression israélienne» visant la région de Homs, dans le centre de la Syrie, au lendemain d’une frappe meurtrière près de Damas.
Selon Sana, l’attaque a visé «les alentours de la région de Chinchar, au sud de Homs». L’Observatoire syrien des droits de l’homme (Osdh) a précisé que le raid sioniste visait «un entrepôt de munitions» du Hezbollah libanais, en guerre ouverte contre l’entité sioniste. L’ONG, basée au Royaume-Uni mais disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie, a ajouté que des explosions successives avaient retenti depuis l’entrepôt ciblé, sans plus de détails.
L’autoroute reliant la ville de Homs à la capitale Damas a été temporairement coupée après la frappe, qui, selon Sana, «a visé un point de rassemblement d’aide pour les déplacés libanais». Selon les autorités libanaises, près de 200.000 déplacés libanais, fuyant les bombardements sionistes visant des bastions du Hezbollah, ont trouvé refuge en Syrie voisine.
Avant-hier, neuf personnes, dont un « important » responsable du Hezbollah en Syrie, ont été tuées dans une frappe sioniste qui a ciblé près de Damas un bâtiment abritant des membres du mouvement chiite libanais, selon l’Osdh.
La frappe ayant ciblé un immeuble résidentiel à Sayyeda Zeinab, dans le sud de Damas, visait Ali Moussa Daqdouq, l’un des principaux commandants du Hezbollah en Syrie, selon plusieurs médias arabes et sionistes ainsi qu’une source sécuritaire contactée par l’AFP.
Hier, le directeur de l’Osdh, Rami Abdel Rahmane, ainsi qu’une source sécuritaire ont indiqué à l’AFP qu’Ali Daqdouq avait bien été blessé des suites de cette frappe sioniste sur Sayyeda Zeinab, sans que sa mort ne soit confirmée. Contacté par le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, le Hezbollah n’a pas souhaité commenter cette information.
Originaire de Aïta el-Chaab, Ali Daqdouq était le responsable de « front du Golan » et était à la tête de troupes du parti chiite opérant principalement sur le territoire syrien. Selon le Centre arabe pour les études sur l’extrémisme, ce dernier a rejoint le Hezbollah dès 1983 et a rapidement été nommé à la tête de l’unité 2800, une unité d’opérations spéciales au Liban, avant de coordonner la sécurité personnelle de Hassan Nasrallah.
Arrêté par les Américains, puis relâché en Irak
Après avoir formé des combattants aux côtés de la Force Al-Qods, la branche extérieure du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, il a été chargé par la République islamique et le Hezbollah de superviser la création de milices pro-iraniennes en Irak, dont Asaïb Ahl al-Haq, au cours de la création de «l’axe de la résistance» sur le modèle du parti libanais, pour mener des attaques contre des troupes américaines.
Cela l’a conduit à être placé sur la liste noire des États-Unis, qui le considéraient comme le responsable d’attaques contre des troupes américaines en Irak, notamment celle du 20 janvier 2007 à Kerbala, qui avait causé la mort de cinq militaires américains.
Un an plus tard, il était capturé par des soldats américains pour son rôle dans cette attaque. Après des négociations entre l’administration de Barack Obama et le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, il fut transféré en Irak pour y être emprisonné au lieu d’être extradé vers les États-Unis, où il aurait été détenu dans le centre de Guantanamo à Cuba. Cela lui permettra d’être libéré en novembre 2012 après avoir été acquitté, faute de preuves, des accusations de «terrorisme» dont il faisait l’objet.
Après sa libération, Ali Daqdouq est rapidement retourné au Liban pour s’occuper de la formation des forces spéciales du Hezbollah, dont l’unité d’élite « al-Radwan » avant d’être chargé de mettre en place, à partir de 2018, un réseau secret pour le Hezbollah en Syrie le long de la frontière sioniste, d’après les services de renseignements américains et sionistes.
Fils tué en Syrie
En décembre 2023, son fils, Hassan Ali Daqdouq, avait également été tué dans une frappe de drone sioniste en Syrie dans la région de Qouneitra, dans le Golan syrien, occupé par l’entité sioniste depuis 1967, avec deux autres combattants du Hezbollah, d’après les communiqués publiés à l’époque par le parti chiite.
La mort de Ali Daqdouq vient s’ajouter à la longue liste de commandants de haut rang du Hezbollah à avoir été éliminés depuis le début de la guerre le 8 octobre 2023, en particulier depuis le 17 septembre dernier et le déclenchement de l’attaque des bipeurs, dont le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, a pour la première fois reconnu la responsabilité du gouvernement sioniste avant-hier.
Un autre membre de longue date du Hezbollah, Salim Ayache, accusé d’être l’un des assassins de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, aurait également été tué en Syrie, près de Qousseir ces derniers jours dans une frappe sioniste.
Dans la foulée de l’élargissement de la guerre au Liban le 23 septembre dernier, le Hezbollah ne communique plus sur la mort de ses membres via ses canaux officiels. Avant cette date, 513 militants du parti chiite avaient été tués au Liban et en Syrie, selon notre décompte.
De son côté, l’armée sioniste a plus tard indiqué avoir éliminé 440 combattants du parti chiite depuis le début de son offensive terrestre au Liban. Des estimations non vérifiées font état de plus 1.400 morts dans les rangs du Hezbollah.
Depuis le début de la guerre civile en 2011 en Syrie, l’entité sioniste a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l’armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, dont le Hezbollah, déployés en soutien aux forces gouvernementales syriennes. La cadence de ces frappes s’est intensifiée depuis que l’entité sioniste est entrée en guerre ouverte contre le Hezbollah au Liban le 23 septembre.
L’entité sioniste, qui commente rarement ces frappes, a récemment ciblé les points de passage entre la Syrie et le Liban, accusant le mouvement de la résistance libanaise de les utiliser pour acheminer des armes depuis la Syrie.
La Presse de Tunisie avec agences et médias